Cette nouvelle exposition prĂ©sentĂ©e dans lâespace du 33 rue de Seine de la Galerie Downtown François Laffanour rĂ©unit une quinzaine de piĂšces rĂ©centes, rĂ©alisĂ©es en 8 exemplaires, toutes en bronze, dans des traitements divers : brossĂ©s, polis, mats et brillants, sur le thĂšme « sexe, mort et beautĂ© »
« Jâai toujours gardĂ© une admiration et du respect pour le travail du bronze ;synonyme de pĂ©rennitĂ©, jâestimais que son usage Ă©tait destinĂ© Ă des sujetssymboliques, des sujets « importants », emblĂ©matiques ⊠Jusque lĂ , je nâai jamaisosĂ© prĂ©tendre immortaliser quoi que ce soit dans la noble matiĂšre ; mais avec lâĂągeet aprĂšs avoir vu reproduire en bronze toutes sortes dâobjets ordinaires (mĂȘme desjouets en plastique), je me suis dit que je pouvais y aller ! » P. D. R.
textes et photos à télécharger sur www.christinepaulvé.com
PUCCI DE ROSSI est né à Vérone (Italie) en 1947, vit et travaille à Paris depuis
1979.
ĂlĂšve du sculpteur amĂ©ricain H.B. Walker, il commence son activitĂ© artistique en1971. Sculpteur dâidĂ©es, de formes et de matiĂšres quâil sâingĂ©nie Ă transmuer enobjets du quotidien, avec imagination et humour.Dâapparence purement formelle, pĂ©tries dâironie, jouant du dĂ©tournement et dudĂ©calage, ses crĂ©ations nâen sont pas moins des objets parfaitement fonctionnels etutiles. Se qualifiant lui-mĂȘme « un faux designer », il alterne le fonctionnel Ă lasculpture en esquivant le dĂ©bat surgi dans les annĂ©es 90 autour de la polĂ©mique(toujours actuelle) art â design.AprĂšs diffĂ©rentes recherches formelles avec techniques et matĂ©riaux diffĂ©rents, lestravaux rĂ©cents de Pucci tiennent compte dĂ©sormais dâune certaine rĂ©alitĂ© sociale.Tout en refusant le rĂŽle de lâartiste « politique », « sociologue » ou« scientifique », Pucci tĂąche dâĂ©toffer son travail selon les critĂšres esthĂ©tiquespropres Ă son background italien.
POUR CETTE EXPOSITION, il sâagit des derniĂšres crĂ©ations dans le pur style Puccide Rossi, câest Ă dire, se situant Ă mi-chemin entre objet dâart et mobilier. Maiscontrairement Ă lâaspect baroque auquel Pucci nous a habituĂ©, mĂ©langes de bois, demĂ©tal et de matĂ©riaux de rĂ©cupĂ©ration, jouant souvent avec ironie du dĂ©tournement,cette nouvelle production a Ă©tĂ© conçue exclusivement, et pour la premiĂšre fois dansun matĂ©riau qui fait fi du temps : le bronze utilisĂ© depuis toujours pour immortaliserles grandes figures de lâhistoire. Aussi, Pucci a choisi de faire allusion Ă quelquesthĂšmes Ă©ternels de notre culture, parmi lesquels la mythologie grecque, la chasse, lalumiĂšre, le sacrĂ© âŠ. Dans cette nouvelle approche du bronze, tour Ă tour, patinĂ© noir,poli miroir, dorĂ©, mat et pour certaines piĂšces, associĂ© Ă un autre matĂ©riaudâĂ©ternitĂ© : le marbre, lâesprit Pucci de Rossi persiste et joue dâune dualitĂ© deperception selon lâorientation du regard par laquelle une sculpture/siĂšge glisseradâune vanitĂ© « Thanatos »*, vers un profil, puis vers lâarriĂšre dâun buste « Hypnos »* ;et « Croc-blanc » clin dâĆil au fameux roman de Jack London, est une table bassedont le plateau de marbre aussi blanc que la glace des lacs gelĂ©s, est soutenu par lecĂ©lĂšbre chien ; ou encore cette magnifique ramure dont les extrĂ©mitĂ©s sâĂ©tirent en
moelleux arrondis qui invitent Ă y dĂ©poser son manteau, câest la piĂšce « Satyricon »qui aurait aussi pu sâappeler Diane, car il y a lâĂ©vocation de la chasse et de lafemme ; mais il y a plus quâune femme, uneramification dâĂ©tranges fruits (ouanimaux ), un corps Ă corps organique qui pourrait sâĂ©tendre Ă lâinfini⊠;« Campagnolo » ou « un bouddhiste haut de gamme » est un guĂ©ridon nĂ© du besoindâavoir un support mobile pour y dĂ©poser un ordinateur portable, son pied en bronzepatinĂ© noir est une branche dâarbre emboĂźtĂ©e dans un gros cailloux bien lisse.Certes, il y a du « troublement », de la mĂ©tamorphose, du rĂ©fĂ©rencement auclassicisme dans lâart de Pucci de Rossi mais câest aussi une Ćuvre qui milite pourun hĂ©donisme oĂč la sensualitĂ© est de mise, comme le confirme cette exposition Ă laGalerie Downtown / François Laffanour jusquâau 5 janvier 2012.
* Dans la mythologie grecque Hypnos et Thanatos sont jumeaux lâun personnifiant le sommeil et lâautre la mort.